Encore des amendes

Suite aux tentatives de reprise des ronds points sur Alès (les 18, 24 et 26 septembre) mais aussi sur d’autres villes (Nîmes, Remoulins…) de nouveau, les flics nous ont réprimé par des amendes. Un moyen de nous empêcher de manifester et d’agir. Après nous avoir invisibilisé par la destruction de nos cabanes, viré des ronds points, enlevé systématiquement la moindre affiche ou gilet jaune en décoration, voilà que le moindre de nos mouvements doit se payer !

Aujourd’hui plusieurs personnes sont convoqués pour une « audition contraventionnelle ». Il s’agit probablement outre le fait de nous coller cette amende, de nous faire parler. Ces convocations servent à nous faire peur et à obtenir des informations, peut être ne vaut-il mieux pas s’y rendre.  S’ils ont des éléments, ils nous mettrons en garde à vue (mais qu’ils viennent nous chercher), s’ils n’ont rien, n’allons pas leur servir la soupe ! Enfin, si c’est uniquement pour l’amende qu’ils l’envoient. La DC de Toulouse a déjà écrit un texte sur les convocations (voir ici).

D’autant que les arrêtés du 26 en particulier sont probablement illégaux (non publiés, non signés). Toutes ces mesures répressives sont donc à contester systématiquement. Voir pour les amendes ici.

Enfin, face à cette répression par le porte-monnaie, nous pensons qu’il faut réagir collectivement. N’hésitez pas à contacter la defcol pour nous informer des amendes que vous avez reçu, des recours effectués et des réponses reçues… Et pour s’organiser ensemble pour agir et contester.

 

Gilets Jaunes, gardons l’autonomie de notre lutte !

Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement sans chef et sans représentant. Depuis le 17 novembre, nous nous sommes soulevés de manière spontanée et autonome, provoquant une situation quasi-insurrectionnelle en novembre et en décembre. Ce sont ces caractéristiques qui ont fait la force de notre combat !

En prenant conscience que nos revenus stagnent ou baissent, que les prix, et en particulier le prix du carburant, rognent nos salaires, nos allocations, nos retraites, la révolte a pris de la force.

Cette révolte qui a réuni des franges importantes de travailleurs, de retraités, de chômeurs, de autoentrepreneurs…, bref des exploités, ne revendiquait rien d’autre que de vivre mieux. Et les formes qu’elle a prises passent par le refus des partis et des syndicats (mais pas des syndiqués).

Aujourd’hui, le mouvement est dans une phase de reflux, et avec les élections qui arrivent, les partis politiques tentent de récupérer notre lutte. Les partis de gauche (France Insoumise, PCF, Parti de Gauche), les partis ou groupuscules d’extrême droite (RN, identitaires, UPR…), tous cherchent à mettre en avant tel ou tel gilet jaune perdu ou qui aspire à se faire mousser. Nous avons toujours refusé ces pseudo leaders et nous continuerons à le faire.

Certains gilets jaunes, parfois sincères, espèrent faire entendre nos voix dans ces élections en montant des listes jaunes. Ce qu’ils oublient, c’est que les élections ne sont que l’enterrement de la lutte. La campagne électorale pour les élections législatives de juin 1968, par exemple, a réussi à mettre fin à la grève générale et permis une vague réactionnaire. C’est aussi oublier comment fonctionne ce système. Le système capitaliste est dirigé par une classe sociale qui ne lâchera pas son pouvoir simplement. Si un parti réellement anticapitaliste arrivait au pouvoir, il serait renversé immédiatement ou il rentrerait dans le rang comme on l’a vu en Espagne avec Podemos (à la suite du mouvement des indignés) ou Syritza (à la suite des soulèvements en Grèce). Nous n’avons rien à attendre des élections ! La lutte que nous avons menée par son ampleur et sa force a fait reculer le gouvernement, mais elle a surtout fait réfléchir à deux fois Macron pour passer ses réformes en faveur des riches. S’ils repoussent la réforme des retraites, c’est en grande partie car il a peur d’un mouvement de grèves et de blocages radicaux tels qu’on a pu les faire.

Beaucoup pensent qu’il nous faut de l’unité, qu’il faut nous regrouper, que la convergence des luttes est nécessaire. Mais l’unité dans la lutte n’est pas la même chose que de chercher à regrouper les organisations de gôche, voire tous les partis d’opposition. L’unité des exploités dans la lutte est nécessaire mais se réunir avec des opposants qui font le jeu du pouvoir, des opposants qui ont toujours échoué et qui proclament leur pacifisme béat, cette unité-là n’a jamais mené nulle part. D’autant que ces organisations défendent leurs petits intérêts, critiquent notre lutte pour sa soi-disant « violence »… On l’a vu lors de la manifestation du 21 septembre à Paris. L’organisation Greenpeace et d’autres ont quitté la manifestation quand nos camarades se sont faits gazer, attaquer par la police… en dénonçant la violence des GJ ! Notre mouvement a toujours eu des moyens d’action divers, allant de la démonstration pacifiste à l’émeute et au sabotage. C’est cette richesse dans nos façons de lutter et le fait qu’on ne se soit pas séparé entre gentils manifestants et méchants casseurs qui fait notre force.

Alors, nous n’avons rien à attendre de toutes les organisations et partis politiques, nous n’avons rien à attendre des GJ qui se fourvoient dans un électoralisme mortifère pour la lutte. Il n’y a que nos combats qui peuvent faire reculer le gouvernement, l’État et la classe dominante.

Pour l’autonomie et la spontanéité du mouvement

Contre toute forme de récupération et d’électoralisme

Poursuivons et élargissons la lutte sans représentant

Assemblée des Gilets Jaunes d’Alès (mail : gj_ales@riseup.net, FB : GJ Alès)

Défense Collective GJ Cévennes Garrigue (mail : defcolgj@riseup.net, site : defensecollectivegj.noblogs.org)

PDF : Contre la récupération2

Soirée théâtre le 5 octobre la Grand Combe

En soutien à la caisse antirépression d’Alès, un apéro théâtrale est organisée à la Grand Combe. Les bénéfices serviront à soutenir les personnes passant en  procès en payant les avocats, en envoyant de l’argent aux GJ incarcérés (cantine)…

Programme :

-19h30 Apéro-impros

-20h30 Pièce de théâtre

-22h Concert accoustique avec Muddy Bourbon (blues New Orleans)

-23h-23h30 Clôture

Tract A4 couleur

A4_Theatre

PL_A5_Theatre

PL_A6_Theatre

Cr du rassemblement du 9/09 à Montpellier

Compte rendu des procès suite à la manif nationale à Montpellier le 7 septembre

Sept personnes se sont retrouvées en GAV. Trois personnes ont été déférées pour être jugées en comparution immédiate. Une personne a demandé un délai pour préparer sa défense. Les deux autres ont accepté la comparution immédiate.

Un appel à rassemblement devant le TGI de Montpellier avait été fait en amont de la manifestation. Une trentaine de personnes est venue soutenir les personnes déférées, dont la plupart est entrée dans le TGI. Pas de banderole, ni de tract, ni de gilet jaune.

S. qui a fait une demande de délai pour préparer sa défense passera en procès le 14 octobre au TGI de Montpellier à 14h.

B. a été condamné pour participation à « un attroupement armé en vue de commettre des dégradations sur les biens et les personnes » et pour avoir participé à la dégradation de la voiture de la police municipale. Il écope de 210h de travaux d’intérêt général à réaliser dans les 18 mois, d’une interdiction de manifester en Occitanie pendant un an ainsi qu’un

e obligation de réparation envers la mairie (voiture de la police municipale), affaire renvoyée en civil le 16 mars 2020 (sic. the Fouquet’s Birthday)

. Il a été relaxé pour dissimulation du visage (masque chirurgical).

C. a été condamné pour participation à « un attroupement armé en vue de commettre des dégradations sur les biens et les personnes » et pour « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique » (flic). Il écope de six mois fermes sans mandat de dépôt et d’une interdiction de manifestation en Occitanie pendant un an.

Ce jour passait également en procès S. pour des faits remontant au 20 avril. Son affaire a été renvoyée au 6 octobre 2019 (TGI Montpellier à 14h) dans l’attente d’une expertise psychiatrique.

1. La plupart des dossiers est vide. La meilleure façon de se protéger soi-même ainsi que toutes les personnes avec qui nous luttons est de ne pas parler en GAV, quoi que nous ayons pu faire (interpellation en flagrance ou pas). Des photos de vous, présentées par les flics, ne constituent pas des preuves en soi. Elles le deviennent que si vous vous reconnaissez et avouez. Alors gardons le silence. Nous menons la vie dure à la police depuis des mois dans la rue, ne leur facilitons pas le travail une fois interpellé !

2. Il n’est pas vrai que c’est en passant aux aveux qu’on s’en sort mieux. Il suffit de lire tous les comptes rendus des procès GJ pour s’en convaincre !

3. Il est dégueulasse, pour sauver sa peau face à la justice bourgeoise, de se targuer d’être pacifiste. Aujourd’hui, je le suis peut-être mais pas sûr que je le sois toujours demain quand j’aurai perdu le peu de stabilité financière que j’ai. Notre mouvement est un mouvement de ras le bol alors respectons les pratiques de chacun, chacune.

4. On le répète encore et encore, mais c’est important. Lorsqu’un GJ passe en procès, ce n’est pas son problème personnel et individuel face à la justice, c’est une attaque de plus contre notre mouvement, c’est donc une attaque contre chacune, chacun d’entre nous !

La solidarité est notre arme. Soyons toujours plus nombreux devant les tribunaux pour soutenir nos compagnons de lutte interpellés.

CR du rassemblement du 9 septembre à Marseille

4 GJ passaient en procès suite à la manifestation du 22 juin 2019 à Marseille. Ils étaient poursuivis pour dégradation (feu de poubelle), violence sur les forces de l’ordre, participation à manifestation interdite, refus d’ADN (et d’empreintes pour l’un d’entre eux). Après avoir fait 10 jours de préventive en juillet (pour 3 d’entre eux) pour avoir refusé la comparution immédiate, ils ont été libérés suite à une demande de mise en liberté.

Le rassemblement a réuni une cinquantaine de personnes de Marseille, du Gard, de Toulouse et de Rennes. Une banderole a été accorchée devant le palais de justice de Marseille et des GJ étaient présents à l’intérieur du tribunal. Après avoir attendu de 14h (heure de convocation) à 19h, le procès a débuté et duré jusqu’à 23h. Les avocats ont défendu la nullité de la GAV et des interpellations (beaucoup de pièces avaient disparu). La nullité a été acceptée mais les policiers se portaient partie civile, ainsi 3 des 4 ont été poursuivis pour violence à agents.

2 d’entre eux ont été relaxés, un a été condamné à 6 mois de sursis et 500 euros de dommages et intérêts et le dernier à 12 mois avec sursis et 1000 euros de dommages et intérêts.

Nous pouvons tirer plusieurs enseignement de ce procès. L’importance de ne rien déclarer lors des GAV a été largement démontrée. Le refus de la comparution immédiate a permis de préparer correctement la défense et de manger moins (même si 3 d’entre eux on fait 10 jours de prison préventive). La préparation des dossiers collectivement et la rencontre avec des avocats a permis une libération lors de la détention provisoire et a certainement permis que les personnes accusées soient relaxées ou qu’elles ne prennent pas de prison ferme. Cependant, la prison avec sursis reste une condamnation lourde pour 2 des GJ jugés.

Nous nous posons la question du paiement des dommages et intérêts. En effet, il semble que les policiers utilisent régulièrement le fait de se porter partie civile pour compléter leur salaire par cette prime « dommages et intérêts ». Ne pourrait-on pas refuser collectivement le paiement de cette « prime » à la répression ?

Manifestation nationale de samedi 7/09 à Montpellier

La défense collective Cévennes Garrigue était présente à la manifestation du 7 septembre à Montpellier au côté des collectifs de défense collective et antirépression de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées orientaux.

Cette manifestation qui a réuni environ 3000 personnes, a été offensive du côté des manifestants mais aussi terriblement répressive de la part de la police.

Plusieurs personnes ont été blessées par les nombreux tirs de LBD, de grenades, de lacrymos. Les arrestations ont été nombreuses, il a été fait état de 17 interpellations à un moment. Nous avons comptabilisé 8 personnes en GAV dont 4 comparutions immédiates. Voir le CR du rassemblement devant le tribunal lundi 9 septembre.

Rassemblement le 9 septembre Marseille

Rappel : rassemblement devant le TGI de Marseille à 14h lundi 9 septembre en soutien à 4 GJ qui passent en procès.

Texte d’appel de la défense collective de  Marseille : rassemblement-2

Ronds-points, Tribunal, Prison
ON EST LA !
La justice, comme la police sont des instruments au service de l’Etat pour nous
faire tous rentrer dans le rang et accepter les conditions de vie contre lesquelles
nous nous battons. Pour mieux nous mater, elles utilisent le classique diviser
pour mieux régner, elles nous isolent les uns des autres et face aux juges on se
retrouve seul à assumer des actes qui sont par nature collectifs, des actes du
mouvement, des actes de lutte. Ne nous laissons pas faire, ne laissons personne
seul face à l’appareil judiciaire.
Nous, gilets jaunes dans ce mouvement, nous sommes organisés collectivement
pour mettre en place des actions de lutte, imposant un rapport de force
inattendu et puissant avec le pouvoir que ce soit lors des blocages ou dans les
manifs. Ce rapport de force doit se poursuivre dans le cadre du combat face à la
justice.
Se défendre collectivement, c’est briser ces logiques d’individualisation, c’est-à-dire :
• Se protéger soi et les autres dans les manifs et actions
Ne jamais rien déclarer en garde à vue aux condé s et ne pas se con ier aux
autres (procureurs, assistantes sociales, mé decins, pompiers).
Refuser les stratégies individuelles de défense pour sauver sa peau au
détriment de celles des autres.
Refuser la comparution immédiate pour ensemble préparer la défense
Préparation collective des procès : gérer les liens avec les avocats, établir
collectivement les axes de défense, mettre en place une caisse de soutien et
de solidarité face à la répression.
Soutien moral et matériel aux prisonniers.
• Soutien aux camarades ayant subi la répression dans le cadre de leur
travail du fait de leur implication dans le mouvement.
Rassemblement collectif devant les tribunaux pour les camarades GJ
inculpés pour que la lutte se poursuive.

Par conséquent, nous appelons tous nos camarades
GJ à nous rassembler les 5 septembre à 8h30,
9 septembre à 14h, 10 septembre à 8h30 et 12
septembre à 14h DEVANT et DANS le TGI de
Marseille

En blesser un pour en terroriser mille

Nous publions un extrait d’un article du journal « L’envolée«  qui parle du mouvement des Gilets Jaunes et de sa répression. L’article entier est visible ici. Le même numéro contient un courrier d’un gilet jaune enfermé pour plusieurs mois (article « Je fais partie de ces nombreux gilets jaunes qui dorment en ce moment en prison », p. 34 à 37 du numéro 50) qui est particulièrement intéressant. N’hésitez pas à contacter le journal si vous voulez vous le procurer.

« En blesser un pour en terroriser mille »

D’ordinaire, quand il s’agit d’étouffer un mouvement social qui menace de prendre trop d’ampleur, l’État tâche de diviser ceux et celles qui le défient en recourant à des catégories ; bonne manière en prime de justifier la répression qui ne manque jamais de s’abattre, de la violence de sa police à la brutalité de ses tribunaux. Pour le mouvement des Gilets jaunes qui a explosé au mois de novembre dernier, il est tombé sur un os : il avait affaire à une foule considérable, aux mille visages tous différents. Les Gilets jaunes, c’est un peu tout le monde. Une multitude de vies, de réalités sociales, d’opinions qui se sont rencontrées, confrontées, formées mutuellement, et ont fait mouvement, donnant naissance au vocable « Gilets jaunes ». Mais ce n’est pas l’État qui l’a forgé, et cette catégorie volontairement floue ne permet pas de séparer ceux et celles qui se l’approprient du reste de la population. Alors il a tenté, comme souvent, d’en faire émerger des figures, des représentants ; il a exhorté le peuple des ronds-points à la responsabilité, c’est à dire à lui présenter des revendications claires tout en se débarrassant de ses éléments les plus bruyants.

Échec, là encore : les Gilets jaunes ne se sont pas laissés trier entre bons et mauvais, refusant la plupart du temps de se désolidariser des plus virulents. Sur les ronds-points, le mouvement a continué ; les défilés du samedi dans les beaux quartiers s’enchaînaient semaine après semaine, et les manifestants se sont montrés toujours plus déterminés. D’autant que beaucoup ont dû pour la première fois faire face à une violence d’État dont ils ne pouvaient même pas supposer l’existence, ou qu’ils croyaient réservée à d’autres catégories de la population, quartiers populaires et migrants en tête. C’est grâce à ses armes dites « non létales » – grenades, gaz, LBD, matraques… –, ses interdictions de manifester, ses gardes à vue, ses comparutions immédiates… que l’État et sa bande d’hommes en arme a fini, semaine après semaine, par construire la catégorie qui lui manquait. Le sinistre conseiller du prince Alain Bauer, toujours là quand on a besoin d’un concept fumeux pour enfermer en masse, s’est chargé de lui trouver un nom qui claque et fait frémir : « l’ultra-jaune ». En vrai, l’ultra-jaune, c’est celui ou celle que des mois de mouvement ont transformé ; c’est précisément celui ou celle que la violence d’une police toujours plus militarisée et encouragée à faire mal n’est pas parvenue à terroriser suffisamment pour rester sagement à la maison ; c’est celui ou celle que les blessures de ses complices de lutte a rendu intolérant aux appels au calme, d’où qu’ils viennent.