Gilets Jaunes, gardons l’autonomie de notre lutte !

Le mouvement des gilets jaunes est un mouvement sans chef et sans représentant. Depuis le 17 novembre, nous nous sommes soulevés de manière spontanée et autonome, provoquant une situation quasi-insurrectionnelle en novembre et en décembre. Ce sont ces caractéristiques qui ont fait la force de notre combat !

En prenant conscience que nos revenus stagnent ou baissent, que les prix, et en particulier le prix du carburant, rognent nos salaires, nos allocations, nos retraites, la révolte a pris de la force.

Cette révolte qui a réuni des franges importantes de travailleurs, de retraités, de chômeurs, de autoentrepreneurs…, bref des exploités, ne revendiquait rien d’autre que de vivre mieux. Et les formes qu’elle a prises passent par le refus des partis et des syndicats (mais pas des syndiqués).

Aujourd’hui, le mouvement est dans une phase de reflux, et avec les élections qui arrivent, les partis politiques tentent de récupérer notre lutte. Les partis de gauche (France Insoumise, PCF, Parti de Gauche), les partis ou groupuscules d’extrême droite (RN, identitaires, UPR…), tous cherchent à mettre en avant tel ou tel gilet jaune perdu ou qui aspire à se faire mousser. Nous avons toujours refusé ces pseudo leaders et nous continuerons à le faire.

Certains gilets jaunes, parfois sincères, espèrent faire entendre nos voix dans ces élections en montant des listes jaunes. Ce qu’ils oublient, c’est que les élections ne sont que l’enterrement de la lutte. La campagne électorale pour les élections législatives de juin 1968, par exemple, a réussi à mettre fin à la grève générale et permis une vague réactionnaire. C’est aussi oublier comment fonctionne ce système. Le système capitaliste est dirigé par une classe sociale qui ne lâchera pas son pouvoir simplement. Si un parti réellement anticapitaliste arrivait au pouvoir, il serait renversé immédiatement ou il rentrerait dans le rang comme on l’a vu en Espagne avec Podemos (à la suite du mouvement des indignés) ou Syritza (à la suite des soulèvements en Grèce). Nous n’avons rien à attendre des élections ! La lutte que nous avons menée par son ampleur et sa force a fait reculer le gouvernement, mais elle a surtout fait réfléchir à deux fois Macron pour passer ses réformes en faveur des riches. S’ils repoussent la réforme des retraites, c’est en grande partie car il a peur d’un mouvement de grèves et de blocages radicaux tels qu’on a pu les faire.

Beaucoup pensent qu’il nous faut de l’unité, qu’il faut nous regrouper, que la convergence des luttes est nécessaire. Mais l’unité dans la lutte n’est pas la même chose que de chercher à regrouper les organisations de gôche, voire tous les partis d’opposition. L’unité des exploités dans la lutte est nécessaire mais se réunir avec des opposants qui font le jeu du pouvoir, des opposants qui ont toujours échoué et qui proclament leur pacifisme béat, cette unité-là n’a jamais mené nulle part. D’autant que ces organisations défendent leurs petits intérêts, critiquent notre lutte pour sa soi-disant « violence »… On l’a vu lors de la manifestation du 21 septembre à Paris. L’organisation Greenpeace et d’autres ont quitté la manifestation quand nos camarades se sont faits gazer, attaquer par la police… en dénonçant la violence des GJ ! Notre mouvement a toujours eu des moyens d’action divers, allant de la démonstration pacifiste à l’émeute et au sabotage. C’est cette richesse dans nos façons de lutter et le fait qu’on ne se soit pas séparé entre gentils manifestants et méchants casseurs qui fait notre force.

Alors, nous n’avons rien à attendre de toutes les organisations et partis politiques, nous n’avons rien à attendre des GJ qui se fourvoient dans un électoralisme mortifère pour la lutte. Il n’y a que nos combats qui peuvent faire reculer le gouvernement, l’État et la classe dominante.

Pour l’autonomie et la spontanéité du mouvement

Contre toute forme de récupération et d’électoralisme

Poursuivons et élargissons la lutte sans représentant

Assemblée des Gilets Jaunes d’Alès (mail : gj_ales@riseup.net, FB : GJ Alès)

Défense Collective GJ Cévennes Garrigue (mail : defcolgj@riseup.net, site : defensecollectivegj.noblogs.org)

PDF : Contre la récupération2