Compte Rendu du procès des inculpés de Narbonne
(incendie de péage, locaux de Vinci et gendarmerie)
Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre tous
RAPPEL DES FAITS
Dans la nuit du 1er au 2 décembre 2018, les gilets jaunes de Narbonne ont, comme dans de nombreux endroits en France, pris le péage de Narbonne « Croix sud ». Au cours de la soirée le péage a vécu l’épreuve du feu, tout comme le peloton de gendarmerie qui se trouvait à côté. Ces images nous ont donné le sourire et ont montré au monde entier notre ras-le-bol de ce système qui nous saigne. Et à ce moment-là, on n’a clairement pas manqué d’idées : péages, raffineries, entrepôts, … Nous nous foutons littéralement de savoir qu’elle est la main qui a allumé la mèche. Quelle que soit la forme donnée aux actions, nous avons tous eux raison de le faire ! Ces actions nous ont donné de la force pour continuer notre lutte ! En ce mois de décembre 2018, l’Etat a vu rouge, les flics ont partout flippé.
A l’image de leur peur, la répression qui s’en suit est violente.
A Narbonne les gilets jaunes ont pris cher. Le 21 janvier 2019, 12 personnes se font lever à leur domicile. Après des gardes à vue allant jusqu’à 72h, 8 personnes sont incarcérées préventivement. Ces personnes resteront en taule entre 15 jours et 6 mois. Les arrestations se sont poursuivies en mars, avril, juin et juillet dernier. Au total 32 personnes inculpées dans une instruction qui aura duré un an et pour laquelle de gros moyens ont été déployés : écoutes, prélèvements génétiques, enquêtes familiales, exploitation des téléphones et des vidéos….
PROCÈS :
Après un an d’instruction, 31 inculpés (un trente-deuxième, mineur au moment des faits ne sera pas présenté) sont convoqués au Tribunal de Grande Instance de Narbonne pour le procès qui durera dix jours. Dix jours de procès (du 9 au 20 décembre 2019). Deux inculpés comparaissent sous écrou.
Les chefs d’inculpation sont nombreux, parmi eux :
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entrave à la circulation ;
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n’étant pas porteur d’une arme continuer volontairement à participer à un attroupement après sommation avec ou sans dissimulation du visage ;
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volontairement détruit, dégradé ou détérioré par l’effet d’une substance explosive, d’un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes, divers biens mobiliers et immobiliers notamment les locaux de Vinci et du peloton de gendarmerie ;
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violences volontaires sur PDAP avec ITT inférieures à 8 jours ou sans ITT, selon les personnes avec circonstance aggravante que les faits ont été commis en réunion et avec une arme ;
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frauduleusement soustrait des biens (vareuse, bonnet, veste grand froid gendarmerie) avec la circonstance aggravante que les faits ont été commis en réunion et par effraction ou escalade dans un lieu utilisé ou destiné à l’entrepôt de fonds, valeurs, marchandises ou matériels ;
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recel de bien qu’elle savait provenir d’un délit, en l’espèce un vol commis dans un lieu utilisé ou destiné à l’entrepôt de fonds, valeurs, marchandises ou matériels par effraction ou escalade ou ruse et en réunion (veste, casque et écusson de gendarmerie, cafetière, Playmobil, gilet pare-balle et gilet jaune Vinci autoroute, panneau signalétique de la gendarmerie).
Pendant 10 jours, se sont succédées les plaidoiries des parties civiles : quarante-huit au total dont la majorité des flics, les auditions des inculpés…
A l’issue de ces dix jours, le procureur pose ses réquisitions : il demande 27 peines de prison dont 11 avec mandat de dépôt. Les dommages et intérêts demandés par la gendarmerie et par Vinci quant à eux s’élèvent à plusieurs millions d’euros.
RENDU DU PROCÈS :
Le 7 janvier dernier, nous sommes retrouvés à plusieurs dizaines de personnes devant le TGI de Narbonne en soutien avec les inculpés. Les flics étaient aussi massivement présents, plus que nous malheureusement. Ils ont tenté de nous confisquer nos banderoles, échec.
Et ce mardi 7 janvier, jour du délibéré, on a tous pris un coup dans la gueule.
Toutes les personnes inculpées ont été condamnées (à l’exception d’une personne relaxée) et parmi les peines les plus violentes : le maintien en détention des 2 personnes qui comparaissaient sous écrou, deux mandats de dépôt sur audience, et un mandat de recherche pour la 5e personne qui ne s’était pas présentée au délibéré.
Les peines prononcées contre les 25 autres inculpés sont entre autre (voir pour la liste complète l’image ci-après) :
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9 mois fermes aménageables avec 2 ans de sursis ;
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9 mois fermes aménageables ;
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15 mois de sursis avec mise à l’épreuve de 2 ans ;
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6 mois de sursis ;
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obligation de travail, interdiction de rond point, obligation de soins, indemnisation des victimes, interdiction arme, obligation de formation.
Les 5 personnes incarcérées ont écopé de :
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5 ans dont 30 mois de sursis pour 3 personnes 2 maintiens en détention et un mandat de dépôt ;
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4 ans dont 18 mois de sursis avec mandat de dépôt ;
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3 ans dont 1 an de sursis avec mandat de dépôt ;
Et c’est pas fini, le procès pour les intérêts civils aura lieu le 12 mai 2020. Vinci demande 10 millions d’euros, les gendarmes 700.000 euros !
Ce procès qui a fait la une des médias il y a plus d’un an et une nouvelle fois le mois dernier, est un procès du mouvement GJ ! Par ce procès comme par les nombreux procès qu’il y a déjà eu et ceux qui vont arriver, la justice cherche à nous museler, à casser notre solidarité.
C’est pourquoi nous sommes solidaires des condamnés de Narbonne tout comme nous sommes solidaires de tous les inculpés gilets jaunes !
Nous ne rentrerons pas dans le jeu de la justice qui cherche à nous diviser et à nous anéantir, nous ne jugerons pas les inculpés et condamnés parce qu’ils ont fait des déclarations lors de leurs auditions, parce que les précautions prises lors de ces actions n’ont pas été d’une rigueur infaillible ou tout autre reproche mal placé : nous ne sommes pas infaillibles mais notre force est dans notre nombre, notre détermination et notre solidarité !
Tirons plutôt des leçons de ce procès, notamment parce qu’il n’est qu’un des procès d’une longue série ! Plus les procès s’enchaînent et plus il apparaît clair que l’on s’en sort mieux si l’on ne déclare rien en garde à vue ! Les flics ne sont pas nos amis, ils sont là pour nous enfoncer et nous servir sur un plateau à des juges qui n’attendent qu’à nous découper. Et quoi qu’il arrive, il est toujours temps de revenir sur ses déclarations lors du procès.
Soyons solidaire face à la justice, collectivement soutenons les camarades qui passent en procès !
coordlanguedoc@riseup.net (Languedoc)
collectif-soutien-du-11@riseup.net (Narbonne)
defcolgj@riseup.net (Cévennes-Gard)
Liste des peines :